Le supérieur de Feyr est un quadragénaire sévère du nom d’Irmin. Il transpire le vétéran blasé, et l’homme de devoir. Un militaire parmi d’autres. Sauf que c’est le Tellus’hann (le Haut-Protecteur), le bras droit du Tellus (le Fédérateur des Sapiens) me souffle-t-on. Je m’approche et m’intéresse.

Il est méfiant, mais finit par me répondre, jetant un regard oblique à son subordonné. On sent le type peu loquace, pourtant il finit par s’ouvrir à l’interview improvisée.

Quelles sont ses armes favorites ? Son arme favorite, corrige-t-il, gravement. Son instinct. Il s’apprête à se lancer dans un long discours sur la réflexion et la stratégie. Je recentre gentiment le débat. Son arme usuelle, pour reprendre sa délicate expression, est son fusil d’assaut.

Sa plus grande force ? Son instinct. On y revient. Je n’ose l’interroger sur une éventuelle faiblesse, le type paraît psychorigide, c’est évident. J’oriente un peu le débat. Y aurait-il quelque chose qu’il n’apprécie pas ? Les nouvelles technologies, s’exclame-t-il. J’esquisse un sourire pincé.

Et donc s’il n’avait pas été un Protecteur, qu’aurait-il fait ?

Aïe. Je regrette d’avoir posé la question. Il n’imagine pas que cela soit possible. Il cligne des yeux, cherchant sans doute le piège dans cette simple interrogation. Finalement, il rétorque platement qu’il en a toujours été ainsi, que c’est son devoir.

Je sursaute en remarquant une femme que je n’ai pas sentie approcher. Elle tend le menton vers Irmin. Il semble être son supérieur. Il hoche la tête, comme s’il l’autorisait à me parler…